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26.03.2025
#1
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Les marchés technologiques ont connu des montagnes russes ces derniers mois. Entre la domination des géants américains, le réveil annoncé de l’Europe et la chute spectaculaire de Tesla, les investisseurs s’interrogent : où placer son argent en 2025 ?
1. La tech américaine garde une longueur d’avance
Depuis quinze ans, la croissance boursière mondiale s’appuie largement sur les États-Unis. Les grands noms (Apple, Microsoft, Nvidia, Google, Amazon, Meta) concentrent l’essentiel de la capitalisation du Nasdaq et continuent de tirer la performance mondiale.
Ces entreprises ont bâti leur avance sur des tendances structurelles : intelligence artificielle, cloud, digitalisation et puissance financière. Résultat : les marchés américains se paient cher, environ 23 fois les bénéfices pour le Dow Jones et près de 38 fois pour le Nasdaq, contre 17 fois seulement pour le CAC 40.
Cette différence s’explique par la nature même des entreprises : outre-Atlantique, on achète la croissance ; en Europe, la stabilité.
Mais selon Souleymane Jean Galadima, directeur général du family office Sapiens, il faut relativiser l’idée d’une « correction » des valeurs américaines :
« Le S&P 500 a simplement retrouvé ses niveaux de l’élection américaine. Il y a eu un appel d’air, aujourd’hui dissipé, mais pas de véritable choc. »
Pour lui, rester investi à la fois sur les États-Unis et sur l’Europe reste pertinent : la première conserve sa force d’innovation, la seconde pourrait profiter de la réindustrialisation, des politiques de défense et d’un rattrapage de valorisation.
2. Tesla : la star déchue ou une opportunité ?
Difficile de parler de tech sans évoquer Tesla. L’action a perdu près de 30 % en quelques semaines, relançant la question : faut-il y voir une opportunité ou un signal d’alarme ?
Souleymane Jean Galadima tranche :
« Quelqu’un trop exposé à Tesla a fait une erreur d’allocation. »
La marque est devenue un symbole : on n’achète plus seulement des voitures, mais une vision, celle d’Elon Musk. Or cette personnalisation extrême expose l’entreprise à des vents contraires : tensions avec la Chine, concurrence sur les batteries, prise de position politique du dirigeant… autant d’éléments qui brouillent le message.
Olivier Lévy, président de Lévy Capital Partners, va plus loin :
« Tesla se paie encore 120 fois les bénéfices. C’est une entreprise profitable, mais à ce prix, il faudrait 120 ans pour récupérer sa mise si la croissance s’arrêtait. »
Selon lui, la valeur est devenue « hautement politique ». Le style Musk attire autant qu’il inquiète : les investisseurs institutionnels s’interrogent sur sa gouvernance, son engagement personnel dans l’entreprise et l’exposition croissante de Tesla aux risques d’image.
Face à cela, certains dossiers paraissent plus raisonnables :
« Alphabet ou Microsoft traitent entre 23 et 30 fois les résultats. Ce sont des entreprises solides, diversifiées et moins volatiles. »
3. Faut-il rééquilibrer vers l’Europe ?
La tentation est grande de se tourner vers l’Europe, où les valorisations sont plus basses. Pour autant, la prudence reste de mise : le vieux continent souffre encore d’un manque d’investissement dans la recherche et d’une fragmentation de ses acteurs technologiques.
Cependant, certains signaux positifs apparaissent : réindustrialisation, politique de défense commune, et volonté d’indépendance numérique. Pour les investisseurs à la recherche d’opportunités, les small et mid caps européennes – ces entreprises de taille moyenne encore sous-évaluées – peuvent offrir un terrain de jeu intéressant à long terme.
4. Diversifier pour 2025 : la clé reste la discipline
Au-delà du duel États-Unis / Europe, le mot d’ordre reste la diversification.
Les experts insistent : un portefeuille équilibré ne doit pas reposer uniquement sur la tech, même lorsqu’elle performe.
L’erreur la plus fréquente consiste à se concentrer sur un seul secteur ou une seule région. En 2025, mieux vaut combiner :
- des ETF thématiques pour capter la croissance mondiale ;
- un socle obligataire pour stabiliser le portefeuille ;
- une exposition mesurée aux cryptos ou au private equity pour dynamiser la performance à long terme.
Comme le rappelle Olivier Lévy :
« Il y a encore trop d’investisseurs qui ne savent pas ce qu’ils détiennent. Diversifier, c’est d’abord comprendre. »
5. Tesla, tech ou Europe : la réponse dépend de l’horizon
En définitive, le bon pari pour 2025 dépend du temps dont on dispose.
À court terme, l’Europe peut surprendre : ses valorisations basses et ses plans de relance laissent espérer un rattrapage.
À moyen terme, les États-Unis conservent un avantage structurel, porté par l’intelligence artificielle et les entreprises de croissance.
Et sur le très long terme, Tesla restera un symbole : celui des paris risqués, où la patience et la mesure valent mieux que les coups d’éclat.
En résumé
- La tech US reste dominante, mais chère.
- L’Europe revient dans le jeu, notamment via la défense et les small caps.
- Tesla est un cas à part, entre vision et surévaluation.
- La diversification demeure la meilleure stratégie pour 2025 : ne pas choisir entre les continents, mais trouver le bon équilibre entre rendement et risque.
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