Les ETF séduisent par leur simplicité et leurs faibles frais, tandis que la gestion active promet une approche sur mesure. Faut-il investir seul et acheter des ETF, ou confier son argent à un professionnel ? Derrière ce choix, deux philosophies d’investissement s’affrontent : autonomie et accompagnement.

Le dilemme de l’investisseur moderne

C’est une question de plus en plus fréquente : vaut-il mieux acheter soi-même des ETF, ces fonds indiciels à faibles frais, ou confier la gestion de son argent à un professionnel ?
Sur les réseaux, la tendance “investis seul avec un ETF MSCI World” séduit par sa simplicité et ses coûts réduits. Mais la réalité est souvent plus nuancée. Car derrière un investissement en ETF, il y a des choix à faire : quelle zone géographique, quelle pondération, quel type de support ? Et sans un minimum de connaissances, l’investisseur particulier peut vite se perdre dans la jungle des produits financiers.

Les ETF : simples en apparence, techniques en pratique

Les ETF (Exchange Traded Funds) répliquent la performance d’un indice, comme le S&P 500 ou le MSCI World, et présentent des frais de gestion faibles.
Investir seul peut être une bonne stratégie, notamment via un investissement progressif (DCA), c’est-à-dire investir la même somme chaque mois, quelles que soient les conditions de marché. Cela permet d’acheter plus de parts quand les marchés baissent, et moins quand ils montent.

Mais l’univers des ETF n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Comme le souligne Roni Michaly, « quand on ouvre une plateforme, on se retrouve face à des centaines d’ETF aux noms techniques, avec des variantes qu’on ne comprend pas toujours ». Pour construire un portefeuille cohérent, il faut savoir analyser les corrélations entre actifs, gérer le risque et équilibrer son exposition entre différentes classes (actions, obligations, secteurs, zones géographiques…).

La gestion active : utile selon les classes d’actifs

La gestion active, souvent critiquée pour ses frais, garde pourtant tout son sens dans certains segments.
Sur les obligations ou le crédit d’entreprise, par exemple, les gérants peuvent encore surperformer les indices grâce à une sélection fine des émetteurs. Les ETF, eux, restent plus limités par leur construction mécanique.
Même chose sur les small caps, ces petites entreprises cotées moins liquides : les ETF y sont peu présents, et la rencontre directe avec les dirigeants ou l’analyse qualitative font souvent la différence.

En revanche, sur des indices très larges et concentrés comme le S&P 500, la gestion passive reste difficile à battre. Les grandes valeurs américaines (les GAFAM représentant près de 30 % de l’indice) tirent la performance — une configuration compliquée à reproduire pour un gérant contraint par des règles de diversification.

Le juste milieu : la gestion active sur ETF

Entre l’autonomie totale et la gestion déléguée, une voie intermédiaire émerge : la gestion active à base d’ETF.
Certaines sociétés, comme celles évoquées dans la discussion, utilisent des portefeuilles modèles fournis par des acteurs comme BlackRock, qu’elles ajustent selon leur analyse.
Ce système permet de rester proche des indices tout en profitant d’un pilotage professionnel. Le coût est supérieur à un simple ETF, mais inférieur à une gestion active traditionnelle.

Autre évolution récente : les ETF actifs, une nouvelle génération d’ETF qui ne se contentent plus de suivre un indice, mais cherchent à l’améliorer légèrement. Ces produits, parfois appelés “enhanced ETFs”, sont gérés par des équipes qui prennent un petit “budget de risque” pour tenter de surperformer leur benchmark, tout en restant proches de lui.
Les résultats sont encore contrastés selon les zones géographiques — les ETF actifs fonctionnent mieux sur les marchés américains que sur l’Europe ou le Japon — mais leur développement montre une tendance claire : la frontière entre gestion passive et active devient plus fine.

Les frais, un critère à relativiser

Les ETF sont réputés pour leurs frais bas, souvent entre 0,1 % et 0,4 % par an.
Mais certains ETF spécialisés (par exemple sur l’Inde) peuvent atteindre 0,85 %, soit autant que des fonds actifs à frais institutionnels.
Et au-delà des frais de gestion, il faut tenir compte du spread bid-ask, c’est-à-dire l’écart entre le prix d’achat et de vente sur le marché. Si l’ETF est peu liquide, cet écart peut doubler les frais réels de l’investissement.

Un investisseur averti doit donc regarder :

  • les frais de gestion (TER) ;
  • la liquidité de l’ETF (volume échangé, taille du fonds) ;
  • et le spread bid-ask, souvent négligé mais essentiel.

En conclusion : autonomie ou accompagnement ?

Investir seul dans des ETF reste une excellente option pour qui veut gérer son argent simplement et à moindre coût — à condition de comprendre ce qu’on achète.
Mais la gestion active garde sa place, surtout sur les marchés complexes (obligataire, crédit, small caps, alternatifs).
Le vrai choix n’est donc pas entre ETF ou gérant, mais entre simplicité et personnalisation.
Un investisseur peut parfaitement combiner les deux :

  • un ETF global pour la base du portefeuille ;
  • et une gestion active ciblée pour diversifier ou saisir des opportunités spécifiques.

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