Accord trouvé entre l’Union européenne et les États-Unis : les droits de douane passeront à 15 %, évitant ainsi les 30 % redoutés. Est-ce une bonne nouvelle pour les marchés ? Que faut-il en retenir en tant qu’investisseur ? Entre inflation américaine, adaptation des entreprises et tensions sur les marchés obligataires, cet accord est-il réellement un tournant ou simplement un soulagement temporaire ?
Le suspense autour d’un accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis a pris fin : les droits de douane seront fixés à 15 %, bien loin des 30 % redoutés. Pour les investisseurs, la question est désormais simple : que faire maintenant ? Faut-il revoir ses allocations ? Anticiper un choc ? Ou considérer cet accord comme un simple soulagement sans effet durable ?
Une fausse bonne nouvelle ?
À première vue, l’accord rassure : il évite l’escalade redoutée. Mais comme le rappelle Éric Lewin, ce n’est pas un vrai 15 %, en raison de la remontée de l’euro face au dollar. « C’est plutôt 23 % que se payent les entreprises européennes », souligne-t-il. Tout dépend donc du secteur :
- Les entreprises avec un fort pricing power comme Hermès ou Ferrari sauront répercuter la hausse.
- D’autres, plus sensibles aux prix, notamment dans l’automobile ou le textile, auront plus de mal.
L’impact sera donc différencié, mais dans tous les cas, le consommateur américain risque d’en faire les frais. Si les prix augmentent, c’est l’inflation qui repart. « Il y a déjà des modèles qui prévoient une inflation américaine entre 3,5 et 4 % », prévient Éric Lewin.
Un accord qui évite le pire… mais ne règle rien
Pour Alain Pitou, ce nouvel accord n’efface pas les dégâts d’une guerre commerciale initiée sous Trump :
« Les droits de douane étaient à 2 % avant Trump, ils sont maintenant autour de 15 %. C’est un fardeau pour l’économie mondiale. »
L’accord apporte un peu de visibilité, ce que les marchés apprécient. Les entreprises, habituées aux chocs (Covid, crise énergétique…), finiront par s’adapter. Mais cela ne sera pas sans douleur :
- Certaines devront réorganiser leurs chaînes de production.
- D’autres absorberont de lourdes taxes (jusqu’à 100 millions d’euros pour certaines françaises).
En résumé, les marchés réagissent peu car l’impact est déjà intégré, et surtout, il ne modifie pas les grandes dynamiques économiques en cours.
Le vrai risque : le marché obligataire
Le cœur du sujet pour les mois à venir pourrait bien être ailleurs. Tous deux s’accordent : la tension monte du côté des taux.
Alain Pitou évoque un climat d’incertitude comparable aux crises de 2008 ou 2011 :
« Les États sont massivement endettés. Si la pression sur les taux s’accentue, les réactions des marchés pourraient être violentes. »
Éric Lewin va plus loin :
« Le vrai danger, c’est un choc obligataire aux États-Unis. Trump veut baisser les impôts, Powell ne veut pas baisser les taux. Le 10 ans américain pourrait grimper à 5 %, et là, les valorisations actions seraient sérieusement remises en question. »
Et la Chine dans tout ça ?
Un éventuel accord commercial entre la Chine et les États-Unis pourrait aussi lever une incertitude majeure. Mais là encore, les invités restent prudents.
- La Chine est engluée dans une déflation rampante.
- L’économie américaine reste très dépendante des importations.
Un accord réduirait les tensions, mais ne réglerait pas les déséquilibres structurels.
Et l’Europe ?
C’est là que le ton se durcit. Les deux intervenants dénoncent une stratégie européenne trop conciliante, voire inefficace.
« On nous a fait passer pour des herbivores, mais on s’est comportés comme des insectes », lâche Alain Pitou.
« Les Européens sont des gentils garçons. Les Chinois, eux, ont su négocier deux délais supplémentaires », ajoute Éric Lewin.
Pour eux, l’Europe a manqué de vision, n’a pas exploité ses leviers (comme le digital ou le pouvoir de régulation), et a préféré éviter l’affrontement, quitte à y perdre en crédibilité.
Conclusion : faut-il agir ?
Cet accord n’est pas un game changer. Il soulage, mais ne transforme pas les équilibres économiques. Il ne remet pas en cause la dépendance américaine aux importations, ni la fragilité chinoise, ni les divergences européennes.
En tant qu’investisseur, la priorité semble claire :
- Suivre de près les tensions sur les marchés obligataires.
- Favoriser les entreprises résilientes avec pricing power.
- Se méfier des effets de second tour sur l’inflation et les taux.
💬 Le sujet de l’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis a aussi été abordé dans un épisode d’Allô la Martingale, à écouter ici : https://audmns.com/gpMhJnt
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