Investir tous les mois dans un ETF MSCI World est devenu un automatisme pour de nombreux épargnants. Facile, rassurant, performant… du moins en apparence. Mais en 2025, ce choix reste-t-il pertinent, alors que les États-Unis concentrent plus de 70 % de l’indice et que les rapports de force économiques évoluent ? Stratégie à conserver ou réflexe à questionner ? On fait le point.
Investir régulièrement sur un ETF MSCI World via une stratégie de DCA (dollar cost averaging) est devenu un réflexe courant chez les jeunes investisseurs. L’idée : miser sur la croissance mondiale, tous les mois, de façon automatique, sans se poser trop de questions.
Mais ce choix est-il toujours adapté en 2025, alors que le marché américain représente plus de 70 % de l’indice et que les États-Unis semblent perdre en leadership ?
C’est quoi un ETF MSCI World ?
Un ETF (Exchange Traded Fund), ou fonds indiciel coté, est un produit financier qui reproduit la performance d’un indice boursier. Il permet de diversifier son portefeuille à moindre coût, en achetant en une seule fois des centaines d’entreprises.
L’indice MSCI World regroupe environ 1 500 grandes entreprises cotées dans 23 pays développés. Il est souvent présenté comme un reflet de « l’économie mondiale ». Mais en réalité, les États-Unis y représentent plus de 70 % de sa composition. On y retrouve des géants comme Apple, Microsoft, Nvidia ou Amazon.
Et le DCA, c’est quoi exactement ?
Le DCA, pour Dollar Cost Averaging, consiste à investir régulièrement une somme fixe (par exemple 100 € par mois), quel que soit le niveau des marchés. Cette stratégie permet de lisser les points d’entrée et de réduire le risque de tout investir au mauvais moment. C’est une méthode rassurante pour les débutants et efficace sur le long terme… à condition de bien choisir ce dans quoi on investit.
Le MSCI World est-il toujours adapté aujourd’hui ?
C’est la vraie question, Céline Piquemal-Prade et Thomas Fonsegrive invitent à reconsidérer ce choix. Leur principal argument : le poids excessif des États-Unis dans cet indice.
Et si les États-Unis perdaient leur statut de moteur de l’économie mondiale ?
Depuis 2008, ce sont les actions américaines – et en particulier les valeurs technologiques – qui ont tiré la performance mondiale. Mais en 2025, plusieurs signaux font douter de la poursuite de cette domination : tensions politiques, dette élevée, ralentissement de la croissance, survalorisation des actions.
« Les leaders de la vague précédente ne sont jamais les leaders de la vague suivante », rappelle Céline Piquemal-Prade.
Autrement dit : si un changement de cycle s’amorce, continuer à investir dans le MSCI World revient à rester surexposé aux États-Unis, sans tenir compte de ce basculement potentiel.
Quelles alternatives au MSCI World ?
Investir sur des valeurs européennes
L’Europe, souvent délaissée ces dernières années, pourrait bien retrouver de l’attractivité. Les entreprises européennes présentent des valorisations plus basses que leurs homologues américaines. Par exemple, les 50 plus grandes capitalisations boursières européennes affichent actuellement un ratio cours/bénéfice moyen (PER) autour de 13, contre plus de 20 pour les 50 premières américaines.
Surtout, certaines entreprises européennes sont bien positionnées sur les grandes tendances à venir :
- la transition énergétique (Schneider Electric, Siemens),
- les infrastructures (Vinci, Eiffage),
- ou les télécommunications (Orange, Nokia).
Les plans d’investissement publics, comme le plan de relance allemand de 200 milliards d’euros pour moderniser l’industrie et accélérer la transition écologique, pourraient aussi stimuler ces marchés.
Explorer les pays émergents
Autre piste évoquée : les marchés émergents. Ils ont longtemps sous-performé, mais pourraient bénéficier d’un effet de rattrapage si le dollar continue de baisser.
« Les pays émergents sont au plus bas par rapport aux États-Unis depuis 1969 », note Céline.
La Chine, malgré ses incertitudes politiques, montre des signes d’interventionnisme fort en faveur de sa croissance. Des entreprises comme BYD ou DeepSeek sont de plus en plus visibles sur la scène internationale. Et au-delà de la Chine, d’autres régions comme l’Inde, l’Indonésie ou le Brésil attirent l’attention des investisseurs.
Attention toutefois aux risques politiques, notamment dans les pays à gouvernance autoritaire, où les règles du jeu peuvent changer du jour au lendemain.
Faut-il pour autant abandonner le MSCI World ?
Pas nécessairement. L’idée n’est pas de dire qu’il faut vendre tous ses ETF MSCI World. Mais plutôt de réinterroger ses convictions.
Si vous avez commencé à investir il y a quelques années via cette stratégie, c’est peut-être le bon moment pour diversifier.
Thomas Fonsegrive insiste : « On peut continuer à faire du DCA, mais pas forcément sur le même indice. »
L’investisseur intelligent, selon lui, reste agile. Il choisit une direction, une « vague », en fonction du moment de marché – quitte à changer de cap quand les faits changent.
Ce qu’on peut retenir
- Le DCA reste une bonne stratégie, notamment pour débuter ou investir sur le long terme.
- Mais le MSCI World n’est pas aussi “diversifié” qu’il y paraît, avec une forte exposition aux États-Unis.
- En 2025, l’Europe et les pays émergents offrent des opportunités à explorer.
- Mieux vaut s’adapter aux cycles que suivre une stratégie figée.
Le DCA sur un ETF MSCI World fait justement partie des sujets abordés dans un épisode d’Allô La Martingale, aux côtés d’autres réflexions sur la diversification et les nouveaux équilibres géographiques. À écouter ici : https://audmns.com/RANOKRn
Allô La Martingale, c’est la libre antenne de votre argent.
Chaque mardi, Amaury de Tonquédec reçoit deux experts de la finance pour vous répondre.
Posez vos questions en cliquant sur ce lien : wa.me/33749761167
Émission en direct de 12h à 13h sur LinkedIn, YouTube et Twitch.
Puis disponible en replay à 18h sur toutes les plateformes de streaming audio et sur YouTube.
👉 Pour retrouver tous les liens utiles, rendez-vous sur notre Linktree.