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Où ne pas aller en 2026 : comprendre les risques plutôt que craindre “la bulle”
La question revient sans cesse : existe-t-il vraiment une bulle, notamment autour de l’IA ? Pour Éric Lewin comme pour Alain Pitous, il ne s’agit pas d’une bulle généralisée, mais d’un phénomène plus fin. Les dépenses massives dans l’intelligence artificielle ont créé des mouvements importants à l’intérieur même du secteur, avec des gagnants et des perdants. Certaines entreprises, pourtant considérées comme incontournables, corrigent légèrement ; d’autres, moins solides ou trop spéculatives, s’effondrent.
Selon Alain Pitous, la vraie vigilance se situe ailleurs : dans le risque d’être “coincé”. Coincé dans des produits illiquides — private equity, structurés — ou dans des valeurs trop fragiles pour encaisser les secousses à venir. Coincé aussi en cas de surexposition sectorielle : investir lourdement sur la tech, la cybersécurité ou la santé peut être pertinent, mais encore faut-il pouvoir supporter les à-coups.
Les deux experts insistent sur un point central : éviter les actifs bloquants et rester capable de sortir sans panique. L’époque demande de la souplesse, pas de l’entêtement.
Faire les bons choix : distinguer les secteurs solides des mirages
Lorsqu’une auditrice demande s’il faut profiter du “Black Friday” en bourse, la discussion s’oriente naturellement vers les valeurs qui méritent encore l’attention.
Certaines entreprises sont jugées trop incertaines à ce stade. Airbus, par exemple, traverse une période délicate où plusieurs incidents techniques posent la question d’un potentiel changement de statut. Tant que l’impact financier n’est pas clair, les intervenants préfèrent rester à l’écart. Même raisonnement pour l’automobile : la concurrence chinoise bouleverse entièrement le marché, et beaucoup d’acteurs européens peinent à suivre.
D’autres secteurs conservent en revanche une vraie cohérence. L’optique, portée par Essilor, reste un thème défendu par Éric Lewin : vieillissement démographique, besoins croissants en lunettes, transformation technologique… autant de raisons pour voir ce type de valeur comme un socle.
Le luxe, l’énergie propre, la cybersécurité ou encore la défense montrent également une dynamique solide. Alain Pitous rappelle toutefois que la clé réside moins dans la “tendance” que dans la capacité d’une entreprise à rester rentable et à conserver son statut. Certaines boîtes se transforment — parfois durablement — et ce changement peut créer plusieurs années de croissance soutenue.
Construire une stratégie pour 2026 : les principes à retenir
Pour préparer l’année à venir, les deux experts insistent sur la nécessité d’une méthode claire. Pas une collection de paris déconnectés, mais une véritable grille de lecture. Selon Alain Pitous, la sienne est simple : privilégier la croissance rentable. Une entreprise doit à la fois croître et gagner de l’argent, sinon elle n’entre même pas dans son univers d’analyse.
Éric Lewin, davantage stock picker, fonctionne lui aussi avec une logique structurée, même si sa sélection repose davantage sur la lecture des thématiques, la dynamique des secteurs et la qualité des bilans.
Les deux s’accordent sur plusieurs principes :
- éviter de s’entêter lorsqu’une valeur décroche durablement ;
- privilégier la liquidité ;
- ne pas accumuler des positions dont la cohérence globale n’est pas claire.
Le mot d’ordre : rester capable d’ajuster son allocation si le marché se retourne — ce qui pourrait arriver début 2026, selon eux.
Que faire lorsqu’un titre baisse ? Le cas Stellantis
La situation de Stellantis illustre parfaitement les difficultés des particuliers. Une auditrice l’avait acheté, l’action a ensuite chuté et elle ne sait plus quoi faire. Pour les deux experts, la réponse est nette : sortir. Pas par principe, mais parce que le secteur automobile est trop incertain, trop exposé à la concurrence et à des pressions structurelles profondes.
Le raisonnement est simple : dans un marché où certaines valeurs peuvent perdre 50 % sans jamais revenir à leur point d’équilibre, vouloir “attendre que ça remonte” peut coûter des années.
Les secteurs qui méritent un vrai suivi pour 2026
Cette partie reste une synthèse fluide : pas de listes longues, juste les axes clés.
La défense revient en force depuis deux ans. Les budgets augmentent, les technologies évoluent vite — drones, cybersécurité, systèmes embarqués — et certaines entreprises françaises bénéficient de cette nouvelle dynamique.
L’énergie propre gagne aussi en importance. Pour Alain Pitous, le solaire représente un potentiel important dans les années à venir, tant pour des raisons environnementales que géopolitiques.
La cybersécurité, les semi-conducteurs, le spatial ou encore la santé sont également évoqués comme des domaines où il “se passe vraiment quelque chose”.
Concernant l’énergie fossile, le discours est plus nuancé. TotalEnergies reste un dossier solide, mais sa valorisation n’évolue plus beaucoup. À long terme, les flux mondiaux se dirigent davantage vers les énergies propres et vers les entreprises capables de réinventer leur modèle.
Taux, banques centrales et scénario 2026 : prudence recommandée
Le ton change lorsqu’on aborde les banques centrales. Les intervenants soulignent le manque de coordination entre les États-Unis, l’Europe, le Japon ou la Chine. L’idée d’une baisse rapide des taux américains existe, mais elle pourrait créer des effets indésirables, notamment en cas de retour de l’inflation.
Les marchés pourraient connaître un début d’année très nerveux, avec une baisse de 10 à 15 % avant un éventuel rebond. D’où la nécessité de conserver une part d’actifs facilement arbitrables.
Comment investir 100 000 € quand on débute ?
Le cas de Nathan — 25 ans, 100 000 € disponibles, projet immobilier à moyen terme — permet aux experts d’adresser une stratégie accessible mais cohérente.
L’idée centrale : ne pas tout immobiliser. Une part en actions, une autre en obligations, une troisième en cash rémunéré. Monter progressivement en exposition plutôt que d’investir la totalité d’un coup. Garder une vision long terme, notamment pour les actions européennes, américaines et émergentes. Et conserver de la flexibilité pour financer son futur apport immobilier.
Et demain ? Une économie en mutation profonde
La dernière question porte sur le yuan et l’avenir du dollar. Alain Pitous évoque une recomposition silencieuse mais réelle : le monde pourrait progressivement se rééquilibrer entre la zone dollar et la sphère d’influence chinoise. Cela ne signifie pas la fin du dollar, mais une valorisation moins excessive des entreprises américaines et, peut-être, davantage d’opportunités en Asie.
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