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Longtemps délaissée, la défense européenne retrouve une place centrale dans les politiques économiques et industrielles. Sous l’effet des tensions géopolitiques, du retour de la guerre sur le continent et du réarmement mondial, les États européens réinvestissent massivement. L’Allemagne a annoncé plus de 500 milliards d’euros consacrés à la défense, tandis que la France, l’Italie ou encore la Pologne ont également revu leurs budgets à la hausse.
Ce mouvement marque un tournant : la défense, longtemps considérée comme une dépense, devient désormais un levier économique, un moteur industriel et un thème d’investissement à part entière.

Réindustrialisation et opportunités obligataires

L’Europe traverse une phase de réindustrialisation accélérée. Les dépenses militaires créent de nouvelles commandes pour des entreprises du continent, des grands groupes aux PME. Dans le même temps, le marché de la dette souveraine européenne attire à nouveau les épargnants.
Comme l’expliquent les experts, un investisseur prudent peut aujourd’hui trouver un rendement intéressant sur l’obligataire, notamment via les fonds datés ou les fonds euros présents dans les contrats d’assurance-vie.
Le principe : prêter de l’argent à un État ou à une entreprise pendant une durée définie, avec un taux connu à l’avance. Dans un environnement de taux stabilisés, ces placements offrent visibilité et liquidité, tout en limitant les risques.

Défense : un secteur déjà très valorisé

Mais pour les investisseurs cherchant à profiter directement de la montée en puissance militaire de l’Europe, la prudence s’impose.
Le secteur a déjà flambé :

  • Thalès (+76 % en trois mois) affiche désormais un PER de 32, contre une moyenne de 23 auparavant.
  • Dassault Aviation a progressé de plus de 60 % sur la même période.
  • Des valeurs plus petites, comme Exosens (vision nocturne) ou Exail Technologies (drones), ont gagné entre 80 et 100 %.

Autrement dit, une grande partie du potentiel est déjà intégrée dans les cours. Comme le résume Eric Lewin, « le secteur de la défense est aujourd’hui plus cher que celui du luxe ».
Les carnets de commandes se remplissent, mais les valorisations sont élevées : mieux vaut attendre une consolidation avant de renforcer sa position.

Small et mid caps : les oubliées du marché

Le réveil budgétaire européen ne profite pas qu’aux géants. Les small et mid caps (petites et moyennes valeurs) connaissent un retour en grâce après plusieurs années difficiles.
Elles bénéficient :

  • de valorisations encore faibles (30 % sous celles du CAC 40) ;
  • du plan de relance allemand ;
  • et de l’intérêt croissant des investisseurs étrangers, notamment indiens et chinois, pour les PME industrielles européennes.

Certaines de ces entreprises pourraient devenir des cibles d’OPA (offres publiques d’achat), souvent assorties de primes de 30 à 40 %. Ce potentiel spéculatif s’ajoute à la dynamique économique du secteur. Pour un investisseur à long terme, ces valeurs peuvent offrir un levier de performance intéressant — à condition d’accepter leur volatilité.

Entre prudence et vision long terme

L’investissement dans la défense européenne s’inscrit dans un mouvement structurel : celui du retour de la souveraineté économique. Mais il ne s’agit pas d’un placement sans risque. Les valorisations actuelles appellent à la mesure, et la diversification reste la règle d’or.
Pour un investisseur individuel, une allocation équilibrée pourrait passer par :

  • une part obligataire (fonds euros, dette européenne) pour la stabilité ;
  • une exposition mesurée aux actions de défense ;
  • et, en complément, une diversification sectorielle (santé, énergie, infrastructures).

La défense européenne s’impose comme un thème d’avenir, mais il faut savoir y entrer au bon moment et avec une stratégie claire : investir dans la durée, pas dans l’émotion du moment.

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