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07.08.2025
#277
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ChatGPT est capable d’analyser d’énormes quantités de données et de faire des prévisions pointues, sans conflit d’intérêts. Alors, est-ce une bonne idée de lui confier nos investissements ?
Stéphane Torrens (Sales & Partnership Director chez Sirfull et conférencier à l’Institut Mines-Télécom) et Thomas Alombert (Orso Média) ont expérimenté les conseils financiers de ChatGPT.
Au micro de Matthieu Stefani, ils partagent leur retour d’expérience et leurs conclusions sur l’utilisation de ChatGPT pour les finances personnelles.
## Pourquoi utiliser ChatGPT pour investir ?
ChatGPT présente un avantage décisif face aux conseillers traditionnels : il n’a aucun conflit d’intérêts et aucune émotion. Comme l’explique Stéphane Torrens, qui confie une partie de ses finances à l’IA depuis un an : « C’est plutôt un assistant objectif qu’on va mettre en place. Il est là pour nous aider, nous aiguiller, et il n’a pas d’intérêt par ailleurs. » Contrairement aux CGP, qui peuvent être tentés de pousser certains produits rémunérateurs, ChatGPT recommande systématiquement les investissements avec le meilleur rapport performance/frais.
L’IA excelle aussi dans la personnalisation poussée des conseils. Thomas Alombert souligne que ChatGPT peut intégrer « beaucoup plus de contexte » qu’un conseiller traditionnel : profil psychologique (MBTI), ikigaï, valeurs personnelles, situation familiale détaillée. « C’est ta vie », résume Stéphane, qui a nourri son assistant virtuel avec tous ces éléments pour obtenir des recommandations parfaitement alignées avec ses objectifs et contraintes.
Enfin, ChatGPT permet de passer à l’action en surmontant la procrastination. Stéphane avoue avoir longtemps « procrastiné » malgré ses connaissances : « Je me nourrissais beaucoup, mais je ne passais pas beaucoup à l’acte. » L’IA l’a pris par la main pour ouvrir un PEA, lui expliquant étape par étape où cliquer et comment investir. Résultat : 7 000 € investis en DCA sur l’année, une stratégie qu’il n’arrivait pas à mettre en place seul.
## Quelles informations donner à ChatGPT avant d’investir ?
La méthode recommandée commence par un dialogue préparatoire utilisant « l’arbre de la pensée ». Stéphane Torrens détaille son approche : « J’ai fait une conversation à part, pas dans le mode projet, pour justement élaborer un projet et définir des paramètres. Donc en fait, j’ai nourri ChatGPT avec ChatGPT. » Cette méthode de brainstorming permet à l’IA de vous guider pour définir précisément vos besoins et créer les instructions optimales du mode projet.
Côté données personnelles, il faut être exhaustif. Thomas Alombert insiste sur l’importance de préciser sa situation : domiciliation fiscale en France, situation familiale avec dates de naissance, régime matrimonial, sources de revenus (salarié/entrepreneur), structure patrimoniale (holding, sociétés). « Ça évite les hallucinations, justement, de le guider un peu », explique-t-il. Stéphane a même intégré son profil MBTI et son ikigaï pour un conseil ultra-personnalisé.
Pour les documents financiers, privilégiez les formats CSV et Excel plutôt que les PDF. Thomas recommande de télécharger les 12 derniers relevés bancaires, fiches de paie, relevés d’investissements existants (PEA, assurance-vie, compte-titres), et même sa déclaration fiscale. « Il faut bien titrer les fichiers : assurance-vie, tel établissement, telle date, pour qu’il puisse les interpréter correctement », précise-t-il. Stéphane a créé des « fiches projet » standardisées pour ses investissements immobiliers avec crédit, rendement et taux d’occupation.
## L’importance de bien contrôler les réponses de ChatGPT
Les hallucinations restent fréquentes, surtout sur les données chiffrées. Thomas Alombert met en garde : « Il va te proposer parfois des investissements qui sont totalement inaccessibles. Moi, il m’a proposé un truc en private equity à Palo Alto… Il fallait être milliardaire. » Il cite aussi des erreurs sur les codes ISIN d’ETF ou des performances fantaisistes. Matthieu Stefani confirme avoir observé des erreurs grossières sur des organigrammes simples, ChatGPT confondant 58 % et 100 % de détention d’une société.
Il faut systématiquement poser des questions de contrôle et challenger les réponses. Thomas a appris à ses dépens l’importance de vérifier : « Il faut tout vérifier. Y compris dans les performances, où il va te dire que ça, c’est dans les trois top performers, par exemple. Et quand tu vas les regarder sur n’importe quelle plateforme, tu te rends compte que ce n’est pas vrai du tout. » La règle d’or : ne jamais suivre aveuglément une recommandation sans la recouper avec des sources externes.
L’évolution rapide des modèles nécessite de la persévérance. Stéphane observe que « ce qui est vrai aujourd’hui ne l’était pas forcément il y a deux semaines et ne le sera pas forcément dans deux semaines non plus. » Thomas confirme avoir vu « des progrès sur deux ou trois semaines » en reposant les mêmes questions. La stratégie gagnante ? « Il ne faut jamais lâcher avec ChatGPT », conseille Matthieu. Une recommandation ratée aujourd’hui peut devenir pertinente quelques semaines plus tard avec l’amélioration des modèles.
Ils citent les références suivantes :
- L’épisode #381 de GIDY avec Marjolaine Grondin
- Les épisodes IA et Data de GDIY
- L’arbre des pensées, le MBTI et l’Ikigaï
- Alvo
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