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Devenir riche en investissant en Bourse, c’est savoir faire deux choses : acheter et vendre les bonnes valeurs au bon moment. Mais comment y parvenir dans un environnement où l’information pullule et où nos biais cognitifs nous poussent souvent dans la mauvaise direction ?

Bertrand Lamielle est directeur général de Portzamparc Gestion, une société de gestion de portefeuilles faisant partie du groupe BNP Paribas.

Au micro de Matthieu Stefani, il explique les bases de l’investissement en Bourse et de la finance comportementale.

## Quand acheter une action ?

La règle d’or selon Bertrand Lamielle : acheter sur les points hauts, pas sur les points bas. Contrairement à l’intuition de la plupart des investisseurs qui attendent une baisse pour investir, « un nouveau point haut, c’est un superbe timing d’investissement », explique le DG de Portzamparc. Cette approche offensive va à l’encontre des 80 à 90 % d’investisseurs « contrariants » qui préfèrent attendre un retournement. Le premier nouveau point haut d’une société représente statistiquement une excellente opportunité d’entrée.

L’achat doit se baser sur le momentum plus que sur la valorisation. Bertrand souligne : « Le momentum est très important, c’est un gros déterminant du cours de Bourse, plus que la valorisation. » Il faut privilégier les entreprises qui délivrent régulièrement de bonnes nouvelles et permettent de réviser à la hausse les bénéfices par action. La Bourse est très sensible à la dérivée de croissance : une entreprise qui passe de 10 % à 12 % de croissance sera mieux accueillie qu’une autre qui passe de 40 % à 30 %.

L’approche recommandée consiste à investir progressivement, sans chercher le timing parfait.

## Quand vendre une action ?

Premier principe fondamental : oublier le prix de revient (« Parce que le prix de revient, c’est une ancre dans le passé », explique Bertrand). La décision de vente doit se baser uniquement sur l’état actuel du titre et ses perspectives, pas sur le gain ou la perte depuis l’achat.

La vente intervient quand la notation se dégrade, quel que soit le niveau de gain ou de perte. Si le titre représente une position importante du portefeuille, « ça peut être intelligent de prendre des bénéfices, de réduire en attendant de voir ce qui se passe ». L’objectif est de réallouer l’argent sur des titres en phase d’accélération plutôt que de rester sur une valeur qui marque le pas.

Règle absolue sur les profit warnings (annonce officielle faite par une entreprise cotée pour avertir que ses résultats financiers à venir seront inférieurs aux prévisions) : vendre le jour même. L’étude statistique de Portzamparc sur 30 ans est sans appel : « La probabilité qu’un titre qui fait un profit warning batte le marché à un an est de 5 %. » Même si cela peut sembler contre-intuitif de « hurler avec les loups », les données montrent qu’il vaut mieux sortir immédiatement et réinvestir ailleurs. Avec près de 2 000 valeurs suivies, « on a du choix » pour trouver de meilleures opportunités.

## Comment construire un portefeuille d’actions ?

La diversification intelligente prime sur la diversification systématique. Bertrand privilégie une approche concentrée avec « 30 actions dans le portefeuille » plutôt qu’un saupoudrage. Le top 5 représente « 30 à 35 % » du portefeuille, soit entre 5 et 7 % par titre pour les valeurs les plus performantes. « Ça ne veut pas dire qu’on met un pion dans toutes les cases. Ça veut juste dire qu’on se dit : il y a une tendance, je vais l’exploiter, donc je vais surpondérer cette tendance-là. »

Le rééquilibrage régulier est essentiel pour limiter les risques de concentration. Quand un titre performe très fort, « du côté des 6-7 %, je trouve que ça fait beaucoup, parce que si on a une alerte de marché sur ce titre-là, en général, c’est moins 15 %. » L’exemple d’Exail Technologies, en hausse de 400 % depuis le début de l’année, illustre parfaitement ce risque : une position de 3-4 % peut rapidement représenter 8 % du portefeuille. Il faut alors « reprendre de la monnaie » pour limiter l’exposition.

L’importance du banc de touche pour optimiser les arbitrages. Au-delà des 30 titres en portefeuille, Portzamparc maintient « au moins une dizaine » de valeurs en réserve, prêtes à être intégrées. « Un de nos travaux au quotidien, c’est de travailler le banc de touche, c’est-à-dire : quelles sont les sociétés prêtes à rentrer en portefeuille si l’une d’elles démontre une faiblesse ? » Cette approche facilite les arbitrages en évitant de « se trouver plein d’excuses pour conserver » un titre qui se dégrade.

## Quels sont les principaux biais cognitifs à combattre ?

Le biais d’ancrage au prix d’achat : « Le prix de revient, c’est une ancre dans le passé », insiste Bertrand. Ce biais pousse les investisseurs à prendre des décisions irrationnelles : garder un titre qui baisse en espérant revenir au prix d’achat, ou vendre trop tôt un titre gagnant par peur de perdre ses gains. La solution : raisonner uniquement sur la situation présente et les perspectives futures, en oubliant complètement le prix d’achat.

La recherche de dopamine pousse à vendre trop tôt les gagnants. « Les premiers 20 %, le cerveau est dopé, c’est génial. Et après, quand on monte à 30 ou 40 %, on est dans un état émotionnel stable. » Cette asymétrie émotionnelle conduit les investisseurs à vendre à +20 % pour « retrouver cette dopamine » sur un nouveau titre, les privant ainsi des queues de distribution qui peuvent générer des gains de 100, 200 ou 300 %.

L’excès de prudence face aux nouveaux points hauts limite les performances. « 80 à 90 % des investisseurs sont contrariants et attendent systématiquement une baisse pour investir. » Ce comportement les prive des meilleures opportunités : « Un nouveau point haut, c’est un superbe timing d’investissement. »

La fixation d’objectifs de prix bride le potentiel de gains. « On ne se donne pas d’objectif de cours », affirme Bertrand. L’exemple de Novo Nordisk, où ils ont réalisé un gain de 300 % sans l’avoir anticipé, illustre l’importance de « se laisser surprendre ». Fixer des objectifs arbitraires (comme vendre à +50 %) empêche de profiter pleinement des grandes tendances de marché, qui peuvent durer des années.

Ils citent les références suivantes :

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