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Et si vous pouviez investir dans des actifs rentables et utiles pour la planète ? La transition énergétique offre cette opportunité rare : des rendements solides tout en contribuant à un avenir durable.

Timothée Jaulin est directeur du développement des investissements responsables chez Amundi. Au micro de Matthieu Stefani, il nous dit tout sur l’investissement dans la transition énergétique.

Pourquoi la transition énergétique est un secteur attrayant ?

La transition énergétique représente l’une des opportunités d’investissement les plus attractives, portée par une dynamique économique importante. Le coût des énergies renouvelables a chuté de 90 % en 15 ans, rendant le solaire et l’éolien désormais moins chers que les énergies fossiles dans la majorité des pays. Cette baisse transforme la transition énergétique d’un choix idéologique en évidence économique : il est devenu plus rentable de construire une centrale solaire que de maintenir une centrale à charbon. Les exemples concrets abondent : le Pakistan a installé 18 gigawatts de capacité solaire, la Turquie compte 27 % de véhicules électriques dans ses ventes automobiles, et le Brésil développe massivement l’éthanol.

Cette transition est également portée par un enjeu de souveraineté énergétique : 75 % de la population mondiale vit dans des pays importateurs d’énergies fossiles, créant une dépendance géopolitique coûteuse. Les grands fonds souverains qui allouent 10 % à 20 % de leurs actifs aux solutions climatiques affichent des rendements supérieurs aux investissements traditionnels, démontrant qu’il n’y a plus à choisir entre rentabilité et impact.

Les cinq verticales du secteur de la transition énergétique

Le secteur se structure autour de cinq verticales complémentaires :

  1. La génération d’électricité basse carbone : solaire, éolien, hydroélectrique, et nucléaire nouvelle génération qui remplacent les centrales fossiles.
  2. Le stockage d’énergie, critique pour gérer l’intermittence des renouvelables : batteries lithium-ion, batteries à flux, hydrogène, et stockage mécanique. Sans capacités de stockage, l’intégration massive des renouvelables reste limitée.
  3. La mobilité verte et les carburants alternatifs. Ce secteur connaît une croissance explosive avec des taux d’adoption dépassant toutes les prévisions (véhicules électriques, infrastructures de recharge, transports électrifiés, etc.).
  4. Les procédés industriels décarbonés : cimenteries bas carbone, sidérurgie à l’hydrogène, chimie verte, et captage de CO2 pour décarboner les industries les plus émettrices.
  5. Les smart grids et l’efficacité énergétique : réseaux intelligents, compteurs connectés, pilotage de la demande, et optimisation énergétique des bâtiments. Cette verticale inclut les innovations comme le vehicle-to-grid permettant de revendre au réseau l’électricité stockée dans les batteries des véhicules électriques.

Comment investir dans la transition énergétique ?

L’investissement dans la transition énergétique est accessible à travers quatre classes d’actifs complémentaires :

  • Les ETF thématiques spécialisés offrent une diversification immédiate à travers un panier d’entreprises exposées au secteur, avec des frais réduits et une liquidité quotidienne. Ils constituent la porte d’entrée la plus simple pour les particuliers.
  • Les infrastructures énergétiques, accessibles via des fonds d’infrastructure, portent sur des actifs tangibles comme des parcs éoliens ou des centrales solaires, offrant des flux de revenus prévisibles indexés sur l’inflation. Les rendements visés se situent entre 6 % et 10 % annuels avec une volatilité moindre que les actions.
  • Les obligations vertes émises par des entreprises ou des États permettent de flécher son épargne vers des projets à impact tout en bénéficiant d’un rendement fixe.
  • Enfin, les investisseurs sophistiqués peuvent s’exposer au capital-risque deep tech, finançant les start-ups développant les technologies de rupture : nouvelles batteries, fusion nucléaire, hydrogène vert, ou captage de CO2. Cette approche offre un potentiel de rendement très élevé en contrepartie d’un risque important et d’une illiquidité prolongée.

L’allocation optimale dépend du profil de risque de chacun, mais la diversification entre ces classes d’actifs permet de construire un portefeuille équilibré.

Les principaux pièges à éviter lorsqu’on investit dans la transition énergétique

Le premier piège majeur réside dans le greenwashing. Pour l’éviter, concentrez-vous sur un critère objectif : les émissions de carbone évitées. Un véritable investissement de transition doit démontrer qu’il évite des émissions de CO2 par rapport à une alternative fossile. Certains fonds incluent des entreprises pétrolières développant marginalement des activités renouvelables, diluant l’impact réel. 

Le deuxième piège concerne la survalorisation de certains segments. L’engouement peut créer des bulles spéculatives déconnectées des fondamentaux, comme avec certaines start-ups de véhicules électriques. Il faut analyser la rentabilité réelle des modèles économiques.

Le troisième piège porte sur l’ignorance des risques technologiques et réglementaires. Les technologies évoluent rapidement, et une solution dominante peut devenir obsolète face à une innovation de rupture. Les changements de politiques publiques peuvent brutalement modifier la rentabilité de certains secteurs. La diversification géographique et technologique constitue la meilleure protection.

Enfin, le dernier piège consiste à négliger la dimension financière au profit de l’impact. Un investissement de transition doit rester solide financièrement : il ne s’agit pas de charité, mais de placer son capital de manière rentable tout en contribuant à la transition. Les meilleurs investissements réconcilient pleinement performance financière et impact environnemental.